Mémoire d'une famille


Prélude :

« J'ai longtemps cru qu'il n'y avait que la surface de la terre qui était habitée mais cette sombre année me prouva le contraire. »


Livrée de corridor de l'ombre :

« Je m'appelle Lucile et je suis une Erklax de 10 cycles. J'ai apprit à écrire durant mes voyages en mer avec mon père. Ma mère est morte alors que je n'étais qu'un bébé et depuis j'ai toujours vécu sur le pont de son bâtiment, le Défenseur. C'est durant la dernière escale sur Fuldrasse que mon père m'a rapporté ce livre relié, aux pages vierges, sur lequel je suis en train d'écrire. Il se fait tard, je vois le soleil baisser au loin et l'une de nos trois lunes apparaître dans le ciel qui est maintenant couleur feu. »

« Cela fait trois jours que je n’ai pas écrit : j’étais occupée à recoudre les voiles suite à la lourde tempête que nous avons essuyé. »

« J'ai enfin un peu de temps pour moi et les jours s'allongeant, il y a encore assez de lumière pour que je puisse écrire tard le soir. Aujourd'hui nous avons fait escale près des Marais Hystils. Je n'aime pas trop aller là-bas car il y fait souvent sombre et l'odeur y est épouvantable. Mon père m’y a trouvé une petite plume d'oiseau rare, elle est si magnifique que je n'ose m'en servir pour écrire.
Mes yeux se ferment, je suis debout depuis que le soleil pointe son nez, je vais me coucher. »

« Une semaine vient de passer, nous avons été débordés par les marchandises et mon père m'a retenu près de lui pour l'aider à faire l'inventaire. Aujourd'hui la lune brille de mille feux et m’éclaire juste assez pour que je puisse écrire. La solitude me pèse, je suis fatiguée et je suis lasse de ne pouvoir parler à personne. Heureusement que ce bon vieux Peite est là. Il vient me voir de temps en temps et nous parlons. J'aime bien le vieux Peite, et mon père aussi. C'est un bon second et un gentil ami ... peut être le seul que j'ai ici. »

Note de l'archiviste : la page suivante a subit une altération, de l'eau semble-t-il, rendant ce passage illisible.

« ... à ma plume. Après notre passage sur le port des marais Hystils l'équipage est tombé malade. Nous avons trouvé dans les malles des marchandises Hystils des sortes de gros rats. Nous sommes amarrés depuis deux jours. Mon père a fait nettoyer le navire. Il a brûlé toutes les marchandises. »

« Nous sommes repartis. Deux membres de l'équipage sont morts. Une maladie inconnue. Ils auraient été mordus par les bêtes trouvées dans les malles. »

« Je n'ai pas écrit depuis deux mois. Fuldrasse est entrée en guerre. Le vieux Peite est mort, tué par ces bêtes. Les colporteurs racontent qu'elles viennent des marais. »

« Nous savons ce qui s'est passé. Les Hystils ont été dépassés par leur invention et la vermine, qui leurs servait de cobaye pour leurs canons à Royuraz, a muté et résiste maintenant à leurs armes. Les gros rats trouvés dans les malles, il y a deux mois, étaient des enfants, c'est ce que j'ai entendu quand j'espionnais Papa. Je n'ai jamais vu ces bêtes mais elles doivent être effrayantes car tout l'équipage en parle et en ont peur.
Oh, je suis en retard, Papa m'attend. »


Livrée des sombres refuges :

« Dix cycles ont passé depuis la dernière fois que j'ai écrit dans ce livre et cela fait maintenant neuf années que le monde extérieur ne nous est plus accessible. Les Hystils ont condamnés notre monde tout en le sauvant. Humm ... il est plus judicieux que je reprenne mon récit là où j'ai été interrompu.

Un an après avoir découvert les premiers enfants mon père est mort de la maladie transportée par ces bêtes. Le Défenseur n'a plus jamais reprit la mer après ça et j'ai été placée dans un orphelinat. Je n'y suis restée que six mois avant que les Meneurs nous emmènent sous terre. Les Hystils étaient sur le point d'utiliser une nouvelle arme qui devait exterminer ces bêtes et ainsi stopper leur massacre et l'épidémie de Vermiraz qu'elles propageaient. L'arme fut efficace et toutes les créatures moururent. Malheureusement elles ne furent pas les seules à réagir à cette arme. La nature aussi fut touchée et elle entra dans une rage folle. Les volcans se mirent à rugir et les eaux à se déchaîner sur les littoraux. Fuldrasse se scinda alors en deux parties et cette rupture entraîna des émanations de gaz en provenance des marais, bloquant ainsi la population de Fuldrasse sous terre.
Aujourd'hui nous avons creusé la quasi-totalité de ce qui reste de Fuldrasse. Le réseau sous-terrain de galeries et de villes s'appelle Lylandor. On y trouve aussi bien des Hystils que des Erklax ou des Oslos. Nous pensions que les Tyrams avaient périt à l'extérieur mais il y a quelques semaines, en creusant une nouvelle galerie nous sommes tombés sur la Cité des Refuges et l'heure actuelle seuls les Altaris manquent à l'appel. Il est peu probable qu'on les retrouve un jour. La carte Tyrams a complétée la notre et nous savons avec certitude que tout le sous-continent a été creusé et exploré.

Les Meneurs ont le pouvoir sur la quasi-totalité de Lylandor. Il existe bien sur quelques villages qui refusent de se soumettre mais ils sont de moins en moins nombreux. La matinée est déjà très avancée, je suis en retard. L’heure passe plus rapidement lorsque je suis sur ce livre .... »

« Voilà deux semaines que je n’avais pas ouvert ce livre. J’ai rencontré quelqu’un, un Erklax, tout comme moi. Il a un an de plus. Il s’appelle Morcar. Je lui suis rentrée dedans lorsque je me rendais au travail alors que j’étais en retard. Il est gentil, je suis bien avec lui. »

« Morcar et moi sommes fâchés. Je viens d’apprendre qu’il fait partie des résistants de Lylandor. Ça me rend malheureuse. »

« La résistance prend de l’ampleur, ou du moins c’est l’impression que j’ai. Depuis que Morcar m’a prouvé que les Meneurs ne laisseraient jamais le pouvoir lorsque nous sortirions de nouveau, je l’ai rejoint. Nous sommes mariés depuis un an. Je n’ai jamais été aussi heureuse. »

« Je suis enceinte, cela fait un mois que Morcar est parti, je m’inquiète pour lui. »

« Hier je n’ai écrit qu’une ligne, j’étais préoccupée mais aujourd’hui ça va mieux. Morcar est revenu avec de bonnes nouvelles. Un nouveau village nous a rejoint. Je prépare un grand banquet pour ce soir, tout le village sera là.
Ah ! Mon four est chaud, je dois y retourner. »

« J’ai accouchée. C’est une petite fille, on l’a appelé Gali. Je risque de ne plus avoir beaucoup de temps pour écrire. »

« Gali a six cycles, j’ai ressorti ma vieille plume et mon livre. Les Meneurs ont instauré la loi martiale. Nos libertés sont de plus en plus limitées et tous ceux qui dérogent aux règles se retrouvent en prison.
Les Meneurs ont porté un grand coup à la résistance en exécutant un village complet qui cachait des résistants. Le peuple de Lylandor réagit de moins en moins et moi je ne souhaite plus m’investir. Je ne veux pas que Gali se retrouve orpheline comme je l’ai été. J’essaye de convaincre Morcar mais il continu et s’obstine. Ce qu’il fait est de plus en plus dangereux. Le moi dernier il est allé jusqu’aux prisons pour y libérer les résistants. Il a échappé à la garde de justesse. Les villages sont las des guérillas, las de ces combat qui n'en finissent plus, mais Morcar ne veut rien entendre.Il n'était pas comme ça avant.
Tout à réellement commencé il y a cinq mois lorsqu'il est parti avec un petit groupe de résistants. Ils ont disparut plus de trois mois. Nous avons cherché dans tout Lylandor, fait appel à tous nos contacts mais sans succès. Lorsqu'il a poussé la porte de la maison il était couvert de blessures, les vêtements en lambeaux. Il serait dans sa main

Note de l’archiviste : les pages suivantes ont été déchirées.

Je m'appelle Gali, j'ai 25 cycles et j'ai hérité du mémoire de ma mère aujourd'hui, jour de fête de ma naissance. J'ai mis deux heures à lire tout son journal et j'ai dû y déchirer 10 pages d'histoire car elles dévoilaient trop de chose sur la Résistance et sur mon père. Les pages viennent de finir de brûler dans le foyer et c'est maintenant moi qui poursuivrai ce mémoire, avec un nouveau livret, le dernier, mon livret : le dernier parcours.


Livrée du dernier parcours :

C'est aujourd'hui que mon père a annoncé son départ de la résistance. Ma mère a fini par le convaincre et ils partent s'installer en ville. Je ne leur ai pas dit que je m'étais engagée et je préfère qu'ils ne l'apprennent pas. Il commence à se faire tard et demain j'ai une mission à mener, je dois être en forme. »

« Ma mission a réussi, j'ai repéré le boyau menant à l'extérieur. Il est caché par une vieille bâtisse gardée par une dizaine de soldat. Je vais monter un petit groupe d'action pour prendre le bâtiment et rouvrir le passage vers la surface de Lylandor. J'ai quelques idées de qui emmener avec moi et puis j'ai un atout qui fera pencher la balance en notre faveur. »

« Cela fait une semaine que nous sommes dehors. La végétation est luxuriante, le soleil y est haut et le ciel est clair. Le ruisseau près duquel nous sommes installés est d'une fraîcheur et d'une pureté incroyable.
Les Meneurs ont lancé des gardes à notre poursuite. Visiblement cela fait longtemps qu'ils sont au courant que l'extérieur est habitable. Nous avons trouvé des postes avancés contenant armes et nourriture encore consommable. Nous avons décidé de poursuivre nos explorations encore un peu avant de retourner dévoiler la réalité au peuple de Lylandor. »

« Un mois que je ne suis pas retournée en dessous. Je suis épuisée et traquée. Nous ne sommes plus que deux survivants de l'expédition. Les soldats semblent dotés d'étranges pouvoirs. Ce serait les Altaris qui les leur auraient apportés. Je les croyais mort mais d'après ce que j'ai pu apprendre, ils se seraient réfugiés dans les hauts monts de Jourdal. Le garde dont je tiens ces informations m'a aussi parlé d'une nouvelle entité, le Maëlstrom, mais je n'ai pas pu en tirer plus de chose, ma lance a absorbé sa vie trop rapidement. »

« Les Meneurs sont sortis et avec eux tous le peuple de Lylandor. J'ai retrouvé mes parents et toute la résistance. Nous avons établi notre campement dans les arbres. La forêt de Lylandor est idéale pour ça.
Je maîtrise de mieux en mieux ma lance et mon pouvoir. Malheureusement chacune de ses utilisations m'épuise et me vide. La résistance se fait un peu oublier, nous reprenons des forces.
Le Maelström prend de l'ampleur et nous avons de plus en plus d'opposants. Les Meneurs ont bien joué leur coup, en dévoilant la vérité avant que je ne le fasse ils passent pour les sauveurs et moi pour l'ennemi.

C'est agréable de voir de nouveau le soleil, de respirer l'air frai, de sentir le vent. J'aurais aimé le faire en toute liberté. »

« Nous venons de découvrir une nouvelle race Melwane, on les nomme Raldors, ce sont d'incroyables hommes-bêtes. Ils ressemblent à des Taureaux et on dit qu’ils sont d'exceptionnels forgerons. Ce qui est sûr c'est qu'ils sont de terribles combattants. La résistance se fait écraser depuis leur apparition. J'ai pourtant découvert l'origine de mon pouvoir. J'ai réussi à le révéler à cinq de mes hommes, mais il semble que seuls les coeurs purs puissent s'y ouvrir. La lance de mon père n'était que le déclencheur de ce pouvoir, je m'en suis rendu compte le jour ou un Tampläar, un serviteur du Maëlstrom, l'a brisée. On m'appelle aujourd'hui la Faucheuse car ma lance a laissé place à une longue faux. J'ai nommé mes hommes « Valaärs » et nous sommes maintenant le groupe le plus chassé de Melwar. »

« C'est ici que s'achève mon récit, nous sommes assiégés et il y a peu de chance que l'on survive ####### »

Note de l’archiviste: toute la fin de la page est couverte d'encre et est devenu illisible. C'est donc ici que s'achève le livre : Mémoire d'une famille. Nommé ainsi par les archivistes de l'époque.



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