l'histoire d'Irass


Prologue :

Je suis le petit fils du vieil Irass et j’écris son histoire au lendemain de sa mort, pendant que ma mémoire est encore toute fraîche de ses dernières paroles.


Chapitre 1 : Révélations :

Mon grand père n’était qu’un jeune enfant lorsque la guerre contre les Vermiraz commença. Il n’en garde quasiment aucun souvenir si ce n’est qu’elle fut à l’origine d’un exil dans les hauteurs du mont Jourdal. Pourtant, même à l’aube de sa mort il se rappelait encore du moment où il a franchit la zone nuageuse. Passant du monde terrestre au monde céleste, les Altaris découvrirent une antique cité semblant être auréolée d’une lumière divine. Le froid qui les avaient accompagné durant toute leur ascension laissa soudainement place à une étrange chaleur qui provenait de la ville.

En s’installant dans la cité ils découvrirent d’immenses pièces épargnées par le temps qui abritaient diverses peintures racontant son histoire et sur lesquelles ils reconnurent Oslos, Tyram, Erklax, Hystills et Altaris.

Jusqu’à son adolescence un petit groupe d’Altaris étudièrent les peintures de la cité et après un an le fruit de leurs études fut dévoilé.

Les peintures racontaient l’histoire d’êtres supérieurs qui conféraient des pouvoirs à quiconque daignait croire en eux. Ces êtres étaient au nombre de trois et se nommaient les Démons du Maëlstrom. Etrangement les noms des trois Démons étaient ceux que portaient les trois lunes de Melwar. Le groupe de recherche raconta ensuite que la cité dans laquelle ils vivaient actuellement avait appartenu à une ancienne civilisation de Melwar et qu’il servait de lieu de prière et de recueillement pour les adeptes du Maëlstrom. C’est aussi ici que vivaient les porte-paroles des Démons, appelés Guides et dont le supérieur hiérarchique était nommé Grand. Il existait deux Guides, l’un commandant les Tampläars, l’autre les Monäars.

Une grande partie de l’histoire de cette civilisation était peinte sur les restes de la cité mais rien ne précisait les raisons de sa disparition.


Chapitre 2 : La descente :

Irass ne s’est pas attardé sur sa vie à l’intérieur de la cité ni sur l’émergence du pouvoir runique qui avait eu lieu peu après leur arrivé dans la cité. Tout ce que je sais c’est qu’un nouveau clergé s’était mis en place et que l’ancienne croyance avait refait surface au sein du peuple Altaris.

Mon grand père me raconta que les Altaris avaient créé des groupes d’expédition qui avaient pour mission de descendre juste au dessous de la ceinture nuageuse afin de constater l’évolution des gaz qui s’étaient échappés des marais Hystills durant la guerre. Il me conta que les expéditions étaient fréquentes les premières années mais que plus le temps passait et plus elles se faisaient rares. La résignation avait peu à peu atteint les Altaris et c’est au moment où ils ne s’y attendaient plus qu’un groupe revint avec la nouvelle.

Elle ne mit pas plus d’une journée à faire le tour de la cité et en moins d’une semaine ils étaient tous prêts à redescendre. C’était la veille de leur vingtième anniversaire d’arrivée. Mon grand père avait pourtant l’impression qu’il avait toujours vécu ici. Aussi lors de la descente du mont Jourdal, plongé dans ses souvenirs, il ne vit pas passer le temps.

Ce furent les exclamations des Altaris qui le tirèrent de ses pensées. La troupe était arrivée au terme de leur descente mais il semblait y avoir quelque chose qui les agitait. Irass se glissa entre les rangs pour aller voir ce qui se passait devant. Lorsqu’il arriva en vue de la tête du convoi il s’arrêta net. Devant lui, juchée sur deux sabots, se tenait une sorte de Taureau en pleine discussion avec le Grand et ses Guides. Le Grand murmura quelques choses à l’oreille d’un des Guides et ce dernier annonça aux Altaris qu’ils allaient remonter un peu le long du mont Jourdal pour s’y installer. Un large murmure s’éleva du cortège mais une voix caverneuse domina le tumulte et l’espèce de Taureau expliqua qui il était et annonça que lui et son peuple allaient aider les Altaris à reconstruire leur cité dans les hauteurs. Le murmure se calma alors et le convoi entreprit de remonter une partie de Jourdal.

Irass ne m’a pas vraiment conté la suite de cet épisode, il ne semblait pas vraiment en garder un souvenir impérissable.Il me parla plutôt de ces étranges Taureaux qui se faisaient appeler Raldors. Ils semblaient maîtriser l’art de la forge et possédaient une force fantastique. Avec leur soutient les Altaris ne mirent pas longtemps à se réinstaller confortablement et d’ailleurs c’est toujours ici que nous vivons aujourd’hui.


Chapitre 3 : De nouveaux visages :

Les Altaris et les Raldors mirent un an à apprendre à reconstruire, de façon fiable, les vaisseaux Erklax. Irass travailla sur la réalisation de « la Nouvelle », le premier bateau Altaris/Raldors, de Melwar. Lorsqu’il fut fin près, un dilemme se posa : « qui saura le piloter ? », et la réponse fut décevante. En effet, dans l’ancien monde seul les Erklax possédaient les connaissances nécessaires à la navigation, et les Altaris ne s’étaient jamais vraiment intéressés à ce savoir. Mais les Raldors, qui n’avaient jamais vu autre chose que les alentours du lac Espérance n’avaient qu’une hâte, prendre la mer et explorer le nouveau Melwar.

C’est donc le jour du baptême de la Nouvelle qu’un petit groupe de Raldors annonça son départ. Cherchant du monde pour aider à naviguer, le groupe engageait quiconque était assez fou pour prendre la mer. Et c’est ainsi qu’Irass s’engagea sur le navire. Ils voyagèrent, dérivèrent, pendant longtemps avant d’apercevoir une terre à l’horizon. Lorsqu’ils s’échouèrent sur la plage, ne trouvant pas de port et n’ayant pas prévu de barques pour pouvoir jeter l’ancre au large, ils furent surpris de trouver des traces de civilisation. Ils avaient apporté d’anciennes cartes mais aucune ne correspondait au lieu où ils se trouvaient. Ils pensaient s’être dirigés vers les restes de Fuldrasse mais visiblement ils se trouvaient sur la partie qui s’était détachée de ce dernier. Devant eux se dressait une immense forêt d’arbres touffus et étrangement grands. Le groupe décida de bivouaquer sur la plage, près du bateau, et de ne partir explorer que le lendemain à l’aube.

Ils explorèrent pendant une journée complète avant de tomber sur un bâtiment de pierre d’où s’élevaient des voix d’hommes. En approchant ils virent la porte s’ouvrir avec fracas et quatre hommes équipés de lance et de cottes de mailles surgir dans l’ouverture. Une longue discussion s’en suivit mais le groupe finit par convaincre les gardes qu’ils n’étaient pas méchants et ils furent invités à se restaurer avec les gardes à l’intérieur. Chacun conta alors son histoire respective et Irass apprit alors que toutes les races vivaient sur ce continent, ou plutôt sous ce continent. Une épidémie s’était répandue dernièrement et blocant l’ensemble de la population de Lylandor, le nom de ce continent, sous terre. Le petit groupe d’Altaris et de Raldors décidèrent ensuite de rentrer faire un rapport à Jourdal. Par chance pour eux, la garnison sur laquelle ils étaient tombés comptait deux Erklax. Aussi repartirent-ils sereinement et rallièrent Jourdal en deux fois moins de temps qu’ils ne leur avaient fallu pour arriver.

Par la suite, les Altaris rencontrèrent les dirigeants du peuple de Lylandor pour discuter de l’épidémie qui sévissait et essayer d’y trouver un remède. Des scientifiques proposèrent de prendre le risque de se faire contaminer et de descendre étudier sous terre mais les dirigeants de Lylandor refusèrent. Notre peuple, n’étant pas de nature combative, n’insista pas et préféra continuer à étudier et développer les pouvoirs prodigués par le Maëlstrom. Des accords, des alliances, des pactes se créèrent avec Lylandor durant la quinzaine d’années qui suivit. Les Erklax de la surface de Lylandor et les Raldors prirent même la mer pour explorer les vestiges de Fuldrasse et s’assurer que la menace Vermiraz n’en était plus une.


Chapitre 4 : Le retour des autres :

Ce fut par un beau matin de printemps que mon grand père apprit la nouvelle. La menace d’épidémie avait été résorbée et tous les peuples de Melwar avaient pu refaire surface. Malheureusement, sous terre, un petit groupe de renégats s’était formé pour faire tomber les dirigeants de Lylandor et semer la pagaille dans le nouveau Melwar. Une guerre contre cette petite bande s’engagea alors. Les dirigeants, qui avaient à y faire face depuis quelques mois déjà, peinaient à démanteler ce groupe aussi firent-ils appel aux Altaris et aux Raldors. Un conseil se tint dans les grottes Raldors, au pied de la statue de Piodenn. Le conseil, dirigé exclusivement par des membres du Maëlstrom, décida d’aider Lylandor et c’est ainsi qu’Irass, en tant que Monaärs, parti combattre le groupe de rebelles.

Grâce aux pouvoirs conférés par le Maëlstrom, les Tamplaärs et leurs armes enchantées, soutenus par le pouvoir démoniaque des Monaärs, ne mirent pas longtemps à acculer le groupe dans un de leurs baraquements. Ils l’avaient découvert grâce à un chasseur de prime de Lylandor, qui leur avait transmis l’information moyennant une grosse somme de Loup d'Or, la monnaie en vigueur dans le nouveau Melwar. Le combat qui s’engagea dura plus longtemps qu’ils ne l’avaient pensé. Les hommes et les femmes qu’ils avaient en face d’eux n’étaient pas de simples bandits comme les dirigeants le leur avaient dit. En plus de leur connaissance du combat, les renégats possédaient un étrange pouvoir qui leur permettait de tuer d’un simple toucher de lame. Le plus fort et le plus effrayant des combattants étaient sans nul doute Gali, ou la faucheuse comme elle se faisait appeler. De sa longue faux elle abattait les simples soldats par dizaine. Seul les Tamplaärs, aux armures runées, étaient immunisés contre les étranges pouvoirs de ce groupe. Le combat dura une lune complète. Et c’est à l’aube que le petit groupe abandonna le bâtiment dans lequel ils s’étaient réfugiés. La poursuite à travers Lylandor mena l’armée du Maëlstrom devant le boyau permettant l’accès aux sous-sols du continent. La nuit tombait et l’armée n’était pas équipée pour descendre, aussi décidèrent-ils de dresser le campement devant l’entrée et de partir au prochain levé de lune.

Lorsque mon grand père se leva le lendemain, tout le campement était calme, seul quelques Raldors étaient debout et montaient la garde. Il alla se restaurer près du feu et fit un brin de toilette avant de décider d’aller voir de plus près l’entrée du souterrain où s’était réfugié le peuple de Melwar il y a de ça une génération. Lorsqu’il s’approcha il eu une sensation étrange, comme si Lutracie lui-même murmurait dans sa tête. Soudain, alors qu’il allait mettre un pied à l’intérieur du boyau un hurlement strident éclata et Irass fut projeté sur une dizaine de mètres en arrière. Le hurlement réveilla tout le campement qui se rendit près d’Irass pour voir ce qui s’était passé. Mon grand père raconta alors ce qu’il avait entendu et ce qui lui était arrivé lorsqu’il avait voulu pénétrer dans le boyau. Durant la semaine qui suivit, Monaärs, Tamplaärs et toutes les personnes qui étaient présente sur le lieu tentèrent de percer la protection mais sans succès et alors qu’ils allaient lever le camp pour faire un rapport à l’ensemble du peuple de Melwar, Gali fit son apparition.

Debout au milieu du camp elle était toute de noir vêtue et tenait sa grande faux dans sa main droite. Une lance surgit de l’assemblé mais, à la surprise de tous, traversa Gali pour aller se planter dans l’armure du Raldor qui était debout derrière elle. Avant même que le camp ne pu s’étonner de ce qui venait de se passer elle prit la parole, d’une voix douce mais néanmoins forte, sans un sourire, sans une émotion. Mon grand père s’en rappelait encore parfaitement à la veille de sa mort. Voilà ce qu’elle dit :

« Vous, disciple du Maëlstrom, nous avez condamné à l’obscurité et à l’exclusion. Vous nous avez coupés de nos familles et de nos amis. Aujourd’hui nous régnons en maître sur le monde d’en-dessous et condamnons les âmes de Melwar à venir errer dans notre Royaume ! »

Elle se tourna alors vers le Grand et ses Guides.

« Mes gardiens, les Valärs, vous pourchasserons jusqu’à ce que le Maëlstrom tombe et que Melwar ouvre enfin les yeux sur votre véritable but ! »

Le Grand allait tracer une rune lorsqu’elle disparut aussi soudainement qu’elle était apparue. Nul ne compris le sens de ses dernières paroles, sauf peut-être la tête du Maëlstrom. Le camp reprit alors son rangement et quelques semaines plus tard chacun était de retour chez soi. Mon grand père retrouva sa famille et mon père naquit au cycle suivant.


Epilogue :

Aujourd’hui les Gardiens semblent avoir disparu mais le Maëlstrom cherche toujours à pénétrer dans le monde souterrain qui a été nommée Royaume des Morts. Certains racontent que Gali, la Faucheuse, n’est qu’une légende inventée pour convaincre le peuple de rejoindre le Maëlstrom. Certaines légendes racontent qu’ils sont là, parmi nous, et qu’ils attendent le bon moment pour prendre la vie des pauvres gens. D’autres encore racontent qu’il est possible de traverser le Royaume des Morts et de demander à Gali de rejoindre sa garde.
Moi je ne crois guère aux légendes … et pourtant …



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