Serre

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J’ai rencontrée Serre peu après l’attaque des Torïns. Bamlion venait de tomber et j’avais pris le dernier bateau pour Lodérane afin d’aller me réfugier dans la cité de Tyrêlia. Plusieurs caravanes avaient déjà quittées Lodérane quand les Torïns ont débarqués. J’ai fuie lâchement en direction de la forêt, et visiblement je n’étais pas la seule car beaucoup d’autres suivaient. Mais les Torïns ne semblaient pas enclin à nous laisser partir aussi facilement et un détachement de combattant, 3 … 4 tout au plus, parti à notre poursuite. Nous n’avions pas fait plus de 10 mètre à l’intérieur de la forêt que déjà j’entendais les moins rapide des fuyards tomber derrière moi. Alors que j’allais m’arrêter pour regarder la mort en face, la terre sembla trembler et une ombre furtive passa près de moi. Quelques secondes plus tard un Torïn poussa un cri rauque qui finit en gargouillis terrifiant. Je remarquais que les gens autour de moi s’étaient arrêtés, enfin … quelques uns, et semblaient regarder quelques choses. Je me retournais et aperçue une silhouette d’Altaris engagée au corps à corps avec les Torïns, l’un d’eux avait déjà une dague enfoncée dans la gorge.

J’aurais due reprendre la fuite moi aussi mais le Maëlstrom seul sait pourquoi je suis restée, fascinée par le combat que menait l’Altaris devant moi. La force brute des Torïns ne semblait pas pouvoir rivaliser avec sa dextérité. L’Altaris lui-même ne semblait pas vraiment souffrir du surnombre d’ailleurs il semblait les narguer. Je me rappel encore ses paroles :

« Tu vois bien que ce ne sont que des gros pleins soupe incapable d’ajuster leur coup. Dans quelques instants il ne restera plus que leur carcasse chaude que nous laisserons au bon soin des charognards. »

Un second Torïn tomba et alors que le combat semblait terminer et ma vie hors de danger, un de ces monstres surgit de nulle part et se rua sur moi. Un cri aigüe m’échappa alors que je fermais les yeux et portait mes bras en protection au dessus de ma tête.


L’attente me paru interminable, la terre trembla à nouveau, du moins c’est ce qui me sembla, et ce fut le calme absolu. Plus un cri, plus un bruit, rien que le mouvement du vent dans les arbres. Je mis quelques minutes à me décrisper et à oser ouvrir les yeux. Plus rien, pas un seul Torïn autour de moi, seul celui avec la dague dans la gorge gisait non loin. Alors que je me redressais pour essayer de comprendre ce qui c’était passé l’Altaris sembla surgir d’un tronc d’arbre et s’écroula à quatre pattes, se mettant à tousser et à cracher du sang. Je me précipitais vers lui pour l’aider mais il me repoussa violemment et s’assit. Du sang coulait de son nez et ses yeux étaient injectés de sang. Il me repoussa de nouveau alors que je lui tendais de l’eau pour boire puis il sombra dans le coma.

Encore une fois je ne sais pourquoi je n’ai pas fuie. Je suis restée m’occuper de lui pendant plusieurs jours. Son corps qui m’avait paru si puissant lors du combat semblait tout d’un coup si faible.

Lorsqu’il se réveilla la première fois il m’observa un instant avant de se rendormir, sans un mot. Les couleurs bleutés de sa peau semblaient l’avoir regagnées et 2 jour après son premier réveil il se leva, inspecta ses affaires et se tourna vers moi pour me remercier :

« Maintenant tu peux t’en aller, merci de t’être occupée de moi. »

Il ne dit rien de plus et il s’en alla à travers la forêt. Ne voulant pas rester seule je suivi ses traces. Je voyageais comme ça 3 jours durant, m’arrêtant dès qu’il s’arrêtait. De temps en temps je l’entendais parler seul. Il semblait doué pour la chasse car tous les soirs il ramenait de quoi se nourrir. Le soir du 4ème jour, l’Altaris m’appela :

« Viens ! Je sais que tu me suis, tu dois avoir faim approche. »

Je m’exécutais sans attendre. Il me tendit un morceau de viande qu’il venait de faire cuire et je le dévorais en quelques instants. Lorsque j’eu finie il me dit :

« Tu ne dois plus me suivre, rentre chez toi. »

Un long silence s’installa avant que je ne réponde :

« Je n’ai plus de chez moi, je suis venu me réfugier à Tyrêlia mais maintenant que je suis dans cette forêt, tu es le seul espoir que j’ai de survivre. »

« Ta place n’est pas ici » répondit-il sèchement.

« Peut être, mais je n’ai nulle part ou aller. »

Son regard s’assombrit et il mit un certain temps avant de répondre.

« Nous sommes presque au Sud de Lylandor. Si je te ramène à Tyrêlia t’en iras-tu ? »

« Oui » répondis-je.

Et la discussion se termina. Je m’endormis.

Le lendemain matin il était déjà levé. Le campement avait retrouvé son état sauvage et plus aucune trace de notre passage n’était visible. Sans un mot il attendit que je me prépare et reprit la route. Deux jours passèrent avant que je n’ose lui poser la question.

« Que s’est-il passé pendant ton combat ? Les Torïns ont disparu et toi tu … »

Il m’interrompit.

« Rien, ils ont fui c’est tout. Je suis tombé sur une racine alors que je les poursuivais rien de plus. »

Et la discussion se termina. Nous voyageâmes en silence. Le soir il disparaissait quelques heures mais je ne lui demandais plus rien. Le quatrième jour j’osais lui demander son nom.

« Serre » répondit-il avant d’accélérer le pas, « dans 3 jours maximum tu seras à Tyrêlia. »

Et la journée se finit sans un mot. Les deux jours suivant ressemblaient à tous les autres jours, j’écoutais les derniers oiseaux chanter pour occuper mon esprit et suivait docilement Serre.

Ce soir là arriva plus rapidement, enfin tel fut mon impression. Comme toujours Serre s’éclipsa quelques heures et je l’attendais en préparant le feu. Mais ce soir là il revint au pas de course, deux entailles sur le corps.

« Prend tes affaires ils arrivent ».

Il lança une dague qui heurta le corps d’un Torïn derrière moi. Le bruit lourd de sa chute au sol s’éleva dans la forêt. Serre saisit ses affaires et m’entraina en courant à travers les arbres. Il faisait nuit noir lorsqu’il dit

« J’ai besoin de toi Serre. »

J’allais lui répondre que je ne m’appelais pas Serre lorsque plusieurs feux follets se mirent à éclairer un sentier et qu’il ajouta.

« Merci. »

« euh … de rien … » répondis-je bêtement.

Notre course se ralenti, Serre était à bout de souffle. Le bruit des Torïns s’était fait plus distant. Notre course se transforma en marche rapide.

Combien de temps ? Je n’en sais rien, une heure, peut être moins, mais ils nous tombèrent dessus sans crier gare. Au départ ils n’étaient que deux et Serre les occis sans sourciller mais bientôt une autre troupe arriva. Nous étions encerclés. Ils allaient charger mais la terre se mit à trembler comme lors de ma rencontre avec Serre. Il me jeta un coup d’œil rapide et dit :

« Tyrêlia n’est pas loin, suis les feux follets et dans deux heures tout au plus tu y seras. Prépare-toi à courir. »

« Et toi ? » répondis-je, mais il ne m’écoutait déjà plus.

Les Torïns venaient de lancer l’assaut et je ne voyais pas comment suivre le chemin indiqué par Serre. J’entendis le murmure de sa voix.

« Je te laisse tout Serre, quitte à mourir autant sauver cette fille. »

L’herbe se mit alors à pousser autour de lui. Plusieurs Torïns s’écroulèrent au sol et disparurent dans l’épaisse forêt.

« Vite, va-t-en, sauve ta vie »

Je m’exécutais. J’entendis les Torïns hurler de rage. Je m’arrêtais peu après avoir passé le cercle de nos assaillants et cherchais Serre au centre mais à sa place se tenait désormais une créature étrange. Le même teint bleuté que Serre, la même taille mais avec un corps de femme. Deux ailes sortaient de son dos et son visage ressemblait à celui d’un fauve à l’exception près qu’une grande corne s’élevait au sommet de son crâne. Une longue queue fouettait l’air autour d’elle. Son regard ce posa sur moi et un feulement strident se fit entendre … je déguerpis.

Je suis arrivé à Tyrêlia en suivant les feux follets et j’y vis toujours depuis. J’ai trouvé du travail comme serveuse dans une des auberges de la ville basse. J’ai mis un moment avant d’oser coucher sur papier cette histoire. Encore aujourd’hui je me demande si ce que j’ai vu était bien réel. Je ne sais pas qui était Serre, ni ce qu’il était, mais il m’a sauvé la vie par deux fois et pour ça je ne l’oublierais pas.

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